Crow Life attaque 4 arrêtés préfectoraux autorisant la destruction de près de 28 000 choucas des tours dans l’ouest de la France





Finistère, Côtes-d’Armor, Morbihan, Maine-et-Loire : dans ces quatre départements, nul besoin de figurer sur la liste noire des ESOD (espèces susceptibles d’occasionner des dégâts, ex- ‘’nuisibles’’) pour être l’objet d’une destruction massive. Le Choucas des Tours est une espèce protégée de la famille des corvidés. Par dérogation, les préfets des départements précités viennent d’autoriser, à eux quatre, que soient tués 27 635 spécimens.


→ Le ‘système destructeur’ demande la tête d’autant de choucas qu’il y a de corneilles noires tuées par an par département : Finistère, Côtes-d’Armor

→ 25% des populations de couples reproducteurs de 26 communes voués à la mort, soit un choucas sur quatre : Maine-et-Loire→ Crédit de choucas ‘à tuer’ épuisé ? Rallonge à la clef prévue : Morbihan (en Côtes d’Armor, quota 2021 épuisé en 3 mois)

→ Pas de fermeture de la chasse (> 28 février < août-sept.) pour les corvidés : qu’elle soit de « régulation » ou de « dérogation », la chasse aux corvidés ignore la trêve printemps-été


Ce dernier point mérite que l’on s’y arrête car cette implantation des arrêtés dans le temps amplifie, décuple, leur portée. Le nombre de choucas victimes directes, prévisibles et programmées, de ces opérations de destruction cache une autre réalité : combien de bébés choucas livrés à l’agonie en attendant le retour des adultes qui ne reviendront pas au nid, dépérissant lentement privés d’eau de nourriture et de soins ? Combien de bébés choucas victimes indirectes ces arrêtés feront-ils du simple fait de leur inscription temporelle commune en période de reproduction ? Comment tolérer cette hypocrisie qui consiste à rappeler l’interdiction de tirer dans les nids tout en organisant l’agonie des oisillons au nid ?

Pour Crow Life, il y a urgence à suspendre les effets de ces arrêtés en attendant le jugement au fond (l’association a requis la suspension et l’annulation des 4 arrêtés par les tribunaux administratifs de Rennes et de Nantes) parce que tuer 27 635 choucas en période de nidification condamne à une mort certaine la progéniture des adultes reproducteurs, accable une espèce dont l’une des caractéristiques est déjà la forte mortalité néonatale (consensus scientifique). Enfin, en considérant la monogamie du choucas, combien d’adultes désaccouplés vulnérabilisés (food-fighting, perte de statut social des femelles, etc), combien de générations futures de choucas compromises?

En conséquence, sans tenir compte de ces victimes indirectes, comment est-il possible de soutenir que les destructions programmées n’auront pas d’impact sur le maintien des populations dans un état de conservation favorable ? Quand notre société s’est récemment dotée d’une loi contre la maltraitance animale, comment des représentants de l’État peuvent-ils signer des actes livrant à une agonie certaine des oiseaux qui ne demandent qu’à vivre ? (cf photo) ⭕️ 1°) Destruction massive directe ⭕️ 2°) À double-effet par production de victimes indirectes en période de reproduction ⭕️ 3°) Génératrice de souffrance animale. Du dernier point de vue, à la souffrance des oisillons s’ajoute celle des choucas capturés et utilisés aux fins de servir d’appelants vivants dans les pièges.



Pour Crow Life, c’est un pas de plus dans la cruauté avec laquelle le choucas est traité en dépit de son statut d’espèce protégée et de l’Arrêté ministériel du 4 nov. 2003 relatif à l’usage des appeaux et des appelants vivants dont l’article 7 précise les espèces de corvidés pour lesquelles la chasse ou la destruction au moyen d’appelants est (hélas encore !) autorisée : la Pie, la Corneille noire et le Corbeau Freux. Le Choucas des Tours est exclu de cette liste. Une dérogation dans la dérogation. Quand déroger à la loi devient l’habitude, est-ce encore déroger ?


Au regard de l’ensemble des considérations qui précèdent, l’association Crow Life ne pouvait que se pourvoir en justice contre ces 4 nouveaux arrêtés ‘choucas’, ce qu’elle avait déjà fait en 2020 ainsi que d’autres associations. Chaque vie vaut et il importe de chercher à épargner toutes ces vies – les 28 000 et les autres, toutes ces victimes indirectes et prévisibles des opérations de destruction. Les corvidés sont des êtres sensibles, intelligents, doués de qualités remarquables. Les Choucas en particulier ne sont pas des ennemis de l’agriculture. Au contraire, ils sont des auxiliaires précieux de celle-ci du fait de leur régime alimentaire largement insectivore (surtout en période de reproduction !) et de leur rôle de bioindicateur de la qualité des sols.


Opposée à la solution létale, Crow Life a lancé la campagne ‘Touche pas à mon Choucas !’ destinée à alerter et mobiliser ; veiller et agir en justice au besoin en faveur du respect et de la protection du Choucas des Tours ; à œuvrer à la recherche de solutions alternatives (un programme en cours) ; à accueillir et à tenter de sauver les oisillons laissés pour compte – l’une des demandes phares de notre pétition nationale étant : aucune dérogation aux espèces animales protégées sans prise en charge des petits de ces espèces par un centre animalier et ce aux frais du demandeur de la dérogation.