80 millions d’euros pris dans la poche des contribuables pour financer la guerre aux espèces sauvages ‘déprédatrices’ et réduire de 30% les surfaces agricoles endommagées


Dans un climat de fortes tensions sociales, l’accord intervenu ces jours-ci entre le gouvernement, les chasseurs et les agriculteurs est passé presque inaperçu. C’est pourtant une enveloppe de 80 millions d’euros qui vient d’être allouée aux chasseurs, dont 20 millions seront débloqués immédiatement et les autres 60 millions sur trois ans, en vue notamment d’accompagner leurs « missions de régulation sur le terrain ». Objectif ? Réduire de 30% la surface des dégâts agricoles occasionnés par des espèces sauvages (le sanglier est mentionné mais est-ce la seule espèce classée ESOD concernée, il y a lieu de se le demander). La mise en place de mesures telles que l’allongement des périodes de chasse fait partie du dispositif conçu pour atteindre cet objectif.

Un accord qui intervient en cours de processus d’actualisation de la liste des ESOD (espèces susceptibles d’occasionner des dégâts) dont l’actualisation, tous les 3 ans, doit s’achever à l’été 2023 par la soumission du projet d’arrêté ministériel à consultation publique. Les espèces sauvages classées ESOD de catégorie 3 (sanglier,…) sont-elles seules visées par cet accord? Leur liste est l’objet d’un renouvellement annuel en revanche les ESOD de catégorie 2 (comprenant actuellement le renard, plusieurs mustélidés, l’étourneau sansonnet et quatre espèces de corvidés) sont l’objet d’un renouvellement triennal. Considérant que cet accord porte sur trois ans et que les surfaces agricoles endommagées ne le sont a priori pas seulement par des sangliers (ESOD de catégorie 3), il y a lieu de s’interroger sur les espèces ciblées par ce renforcement des moyens alloués aux opérations de destruction.

Quoiqu’il en soit, la politique de guerre aux corvidés en vue de protéger les récoltes n’intègre pas les services gratuits (bénéfices nets) rendus par ces oiseaux aux agriculteurs. Ainsi la Corneille noire est-elle l’un des prédateurs naturels les plus efficaces du rat taupier (campagnol), actuellement accusé de terribles ravages agricoles dans le Cantal …où la Corneille noire est régulièrement ciblée par des opérations de destruction. Ces opérations ont un coût, comme les pesticides ont un coût – et pas seulement pour les agriculteurs si l’on pense au cas du Bromadiolone retiré du marché en 2020.

À quand un vrai calcul coûts/ bénéfices nets ?