Le corbeau : une image préjudiciable et sans fondement

Des siècles durant, le corbeau (sans mention d’espèces, au sens large) fut diabolisé, associé au mal, à la nuit et à la mort, au sabbat des sorcières, aux suppliciés et aux pendus, crucifié sur les portes et autres joyeusetés. 

For centuries, the raven (without mention of species, in the broadest sense) was demonized, associated with evil, night and death, the Sabbath of witches, tortured and hanged, crucified on doors and other joys.

La diabolisation

Au siècle dernier, le corbeau est oiseau de malheur. Dans la période de l’après-guerre, il incarne la délation, le mensonge et la calomnie, l’infamie. Il est la main invisible et anonyme qui s’abat et qui s’acharne, capable de détruire la vie de l’honnête homme comme dans ce chef d’oeuvre du cinéma français, Le Corbeau de Henri-Georges Clouzot. De messager des ténèbres à messager du destin ?

 In the last century, the raven is bird of doom. After the war, he embodies denunciation,lies and slander, infamy; he is this invisible and anonymous hand that falls and is relentless, capable of destroying the life of the honest man as in this masterpiece of French cinema, The Raven by Henri-Georges Clouzot. From messenger of darkness to messenger of destiny. 

Jusque dans la bande dessinée et dans les cartoons, on leur a fait sale réputation :
Le corbeau est le compagnon des méchants (Blanche-Neige, La Belle au Bois Dormant, etc.), la noirceur de son plumage symbolisant et révélant la noirceur d’âme, du tempérament et des intentions. Tout l’opposé des attributions faites à la blanche colombe systématiquement associée quant à elle aux gentils, à la pureté et à l’innocence. 
The Talking Magpies de Paul Terry a pour personnages principaux deux corvidés répondant au nom de Heckle et Jekle. Egoïstes, uniquement préoccupés de leur confort et de nourriture, ils sont dépeints comme deux enquiquineurs, provocateurs, hypocrites, voleurs, menteurs, agressifs – ouf ! 
 
Plus sympathique est la pie dont les vocalises rivalisent avec celles de la Castafiore. Pourtant, à qui doit-on le fameux « Ciel, mes bijoux ! » de la cantatrice dans cet album de Tintin ? A elle. Portait d’une voleuse.

Even in comics and cartoons, they’ve been a dirty reputation : The raven is the companion of the wicked (Snow White and the Seven Dwarfes, Sleeping Beauty or Litlle Briar Rose UK, etc.), the blackness of his plumage symbolizing and revealing the blackness of soul, temperament and intentions. The exact opposite of the attributions made to the white dove systematically associated with the good, purity and innocence.
In Paul Terry’s cartoon The Talking Magpies two corvids named Heckle and Jekle are the main personages. Selfish, only concerned with their comfort and food, they are portrayed as two inquisitors, provocators, hypocrites, thieves, liars, aggressives – phew! 
More sympathetic perhaps is the magpie whose vocalizations rival those of the Castafiore. Yet, to whom do we owe the famous « Heaven, my jewels! » from the singer in this Tintin album? To her. Painting a thief.

Une réputation mise à mal par l’état des connaissances scientifiques actuelles

Aujourd’hui pourtant, l’état des connaissances scientifiques permet de dresser un tout autre portait des corvidés. Exemple ? Une étude conduite par Lisa Horn et son équipe et publiée dans The Royal Society en 2016 a révélé que les pies sont capables de comportements altruistes comparables à ceux des primates humains et non humains. Grâce à un dispositif expérimental, cette équipe de chercheurs a pu observer que les pies aident leurs congénères sans contrepartie, « gratuitement ». De voleuses à généreuses…. Il serait temps de changer de regard, non ?

Today, however, the state of scientific knowledge makes it possible to draw a different portrait of these birds. Example? A study conducted by Lisa Horn and her team and published in The Royal Society in 2016 found that magpies are capable of altruistic behaviors as those of human and non-human primates. Using an experimental protocol, the team of researchers was able to observe that magpies help their congeners without benefice in return. From thieves to generous…. It’s time to change our point of view, wouldn’t it?

Extrait vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=K-UCJmKU7zo
Source : Lisa Horne, Clara Scheer et al. (2016) Proactive Prosociality in a Cooperatively Breeding Corvid, The Azur-Winged Magpie. The Royal Society,vol.12, Iss.10